Guide de la couleur et de l'image imprimée
par Emmanuel Florio
A  r  t  i  c  l  e  s 

Introduction
Ecran/impression
La calibration
Numériser
Et le noir ?
Quelques Notions
A votre tour
Retour Index
QUELQUES NOTIONS PAS TOUT À FAIT INUTILES...

LES NOTIONS EXPLICITÉES DANS CETTE PAGE NE RELÉVENT PAS À PROPREMENT PARLER DE L'ANALYSE CHROMATIQUE DE L'IMAGE. ELLES SONT CEPENDANT INDISPENSABLES À LA BONNE COMPRÉHENSION DES PROCÉDURES, ET À LA QUALITÉ DES NUMÉRISATIONS.

En effet, une image sélectionnée avec le plus grand soin et la plus grande pertinence colorimétrique peut se voir refusée si les paramètres de netteté, ou de résolution, sont inadaptés au travail concerné.

Il est toujours envisageable de revenir à posteriori sur ces réglages. Néanmoins, dans la logique de fabrication, il est plus opportun de les déterminer (voire de les expérimenter sur des sujets délicats) avant la numérisation. La rapidité d'éxécution y gagnera, même si certains préconisent encore un scanning "en vrac", et une retouche au coup par coup (peut-être m'expliquera-t-on un jour pourquoi ?), et surtout la qualité des sélections.
N'oublions jamais que toute retouche sur une image déja numérisée implique obligatoirement un rééchantillonage des informations, et forcément, une perte d'informations plus ou moins perceptible à l'impression. 
 

Enfin, c'est sans doute anecdotique, ces quelques lignes éviterons à quelques-uns d'employer un terme pour un autre, ou au moins de l'utiliser en connaissance de cause, et de favoriser le dialogue et la bonne compréhension entre partenaires.
Car souvent l'un est pris pour l'autre, parfois même entre spécialistes. Les quiproquos n'étant pas rares à ce sujet, et comme le disait notre ami Boileau," ce qui se conçoit bien s'énnonçant clairement", mieux vaut savoir de quoi on parle si l'on veut éviter les problèmes...
LA NETTETÉ

LA NETTETÉ EST UNE QUALITÉ SUBJECTIVE. Elle désigne la capacité d'un matériel à distinguer la nuance de volume ou de couleur la plus subtile, sans nuire à sa lisibilité.

On distinguera deux niveaux de qualification :

La netteté OPTIQUE est conditionnée par la nature des objectifs, des lentilles, et des mécaniques du scanner. C'est bien entendu un paramètre sur lequel nous n'avons aucune lattitude de choix, si ce n'est celui d'envisager l'acquisition d'un appareil plus performant (et devrait en priorité déterminer votre décision lors d'un achat).

La netteté ÉLECTRONIQUE est un procédé d'accentuation artificielle des contours et des contrastes au stade de la numérisation, personnalisable en fonction des documents et des opérateurs. On le désigne sous le terme de SHARPNESS ou d' USM.
Il consiste en une accentuation des écarts de densité du document sur la frange de transition. Une zone sombre sur le document deviendra plus sombre à la sélection à la proximité d'une zone claire. Une zone claire sur le document deviendra plus claire à la sélection à la proximité d'une zone sombre.

Bien gérée, cette fonction permet de compenser les pertes de définition dues à la technique de reproduction, et parfois même, de corriger (dans certaines limites!) les insuffisances du document . 

Vous découvrez, donnant l'illusion d'une mise au point au travers de l'objectif d'un appareil reflex, trois états d'une même image.
Les paramètres de sélections sont absoluments similaires pour les trois, seul a été modifié le réglage de netteté électronique.

La vue la plus floue correspond à un indice de Sharpness nul. Elle semble trouble et sans définition. C'est pourtant ainsi que l' "oeil" du scanner la perçoit!
L'étape médiane présente une image lisible et homogène. L'indice de Shrapness est approprié au traitement de CETTE image. Le résultat est satisfaisant.
Le troisième état est le produit d'un indice de Sharpness (beaucoup!) trop élévé. L'effet est inverse à celui escompté. La lisibilité est perturbée, les traits sont déformés, et le contraste même de la sélection parait excessif. Les valeurs d'entrée de blanc et de noir sont pourtant identiques aux deux sélections précédentes...

Les valeurs standards automatiquement affectées par le pilote du scannerconviennent en régle générale à des rapports de 100% à 300%.
Les agrandissements supérieurs demandent un indice de Sharpness d'autant plus élévé que le taux est important.
Les réductions exigent qu'on atténue le Sharpness, pour éviter l'effet pervers décrit ci-dessus.
Pour certains documents, l'indice de nettetté doit être adapté. Les plans, dessins et traits seront traités à un indice inférieur à la normale, ainsi que les gouaches, fusains, et les fonds texturés. Les tirages photographiques supportent par contre un indice plus élevé, tout comme les ektachromes fortement agrandis. 

LA RÉSOLUTION

LA RÉSOLUTION D'UNE IMAGE EST LE NOMBRE D'INFORMATIONS NUMÉRISÉES AFFECTÉES À UNE SURFACE DONNÉE.

La publication assistée par ordinateur connait deux sortes de documents :
- Les fichiers vectoriels, composés d'une description Postscript de surfaces, de traits, d'angles, de courbes comme éléments géométriques.
- Les fichiers bitmaps, dont l'unité est le pixel (PictureElement). Le pixel est un carré contenant la description élémentaire, codé en 8 bits pour chacun des quatres canaux CMYB, d'une parcelle de l'image.

UNE SÉLECTION QUADRICHROMIE EST OBLIGATOIREMENT UN FICHIER BITMAP.
On reconnait un document bitmap, premièrement, par sa taille. Un bitmap pése beaucoup plus lourd qu'un fichier vectoriel. Une image au format A4 pése environ 30 à 40 Mo, un fichier vectoriel reproduit au même format peut ne peser que 100 ou 200 Ko ! Ensuite par cette décomposition en pixels, qu'on décéle trés facilement en zoomant au maximum sur un détail de l'image.
LE NOMBRE DE PIXELS D'UN FICHIER BITMAP EST FIXE, quelque soit l'agrandissement ou la réduction qu'on lui fait subir. Cette fréquence des pixels est ce que l'on nomme RÉSOLUTION. On la détermine le plus souvent par rapport au POUCE anglo-saxon.
Suivant l'usage auquel on destine l'image, on déterminera à fortiori la résolution à la quelle l'image sera numérisée.

Une image destinée à un affichage écran (documentation en ligne, sites Web, multimédia...) aura une résolution de 72 DPI (dots per inche / points par pouce). Il est inutile de conserver une résolution supérieure: le document n'en sera que plus lourd et plus long à afficher, et le moniteur ne pourra pas restituer plus d'informations qu'en peut traiter l'écran.
Une image destinée au flashage et à l'impression est traditionnellement numérisée à 300 DPI. La régle n'est pas inviolable! Mais à cette résolution, vous vous assurez d'une qualité standard de reproductibilité.
Notons à cette occasion qu'une image de même dimension à 300 DPI occupera un espace disque 16 fois plus élevé que cette image à 72 DPI ! 
 

UNE IMAGE IDENTIQUE EN HAUTE ET BASSE RÉSOLUTION :
l'apparence caractéristique d'une résolution insuffisante est évidente. Les pixels deviennent perceptibles, découpant le sujet en une suite de petits carrés qui anihilent l'impression de netteté. Cette perception est bien entendu subjective. Sur le moniteur, l'image en 72 DPI semble tout à fait lisible, détaillée et contrastée. Même l'image en basse résolution pourra retrouver un aspect cohérent pour peu qu'on s'éloigne seulement d'un mètre de l'écran.
Imprimés, ces deux exemples deviendront une bouillie infâme et inexploitable.


Pourquoi imposer une résolution de 300 DPI pour l'image imprimée ?
Parcequ'une règle stupide (qui, comme toute règle stupide, est bien pratique à mémoriser et rend finalement bien des services) exige que l'on numérise à une résolution double de la linéature d'impression. La majorité des imprimés sont traités en linéature 150, CQFD...
Pourrait-on numériser en 200 DPI, ou 400 DPI ? Tout à fait, pour des travaux courants, comme dans la presse quotidienne, on emploie des résolutions plus basses. Pour les travaux de luxe, ou techniques, il n'est pas rare de pousser la résolution à 360, voire 400 DPI. La différence est-elle perceptible? Oui! Et Non! À 200 DPI, heureusement, on ne voit pas les horribles échelles de pixels. À 400 DPI, la richesse du détail, mis en valeur conjointement à une linéature approprié et un support d'impression de qualité, donne un sentiment de "piqué" et de définition qu'on ne pourrait retrouver à une résolution inférieure.
Dernière précision: on peut facilement rééchantillonner une image dans une application de retouche, c'est à dire créer des pixels par interpolation logicielle. N'en escomptez pas de miracles. Une image en 100 DPI réechantillonée en 300 DPI semblera plus douce, moins déchirée par l'effet d'échelle. En aucun cas, on ne saurait y retrouver une définition qui n'existait pas à l'origine. Ce procédé peut tout juste être considéré comme un pis-aller (les pis-aller sont parfois précieux). 

LA LINÉATURE

LA LINÉATURE DÉSIGNE LA FRÉQUENCE DES POINTS DE TRAME AU POUCE.

L'offset impose qu'une image soit décomposée en une suite de points pour être imprimée. En effet, on ne peut pas, par ce procédé, reproduire les variations de densité d'une couleur: une zone ne peut être que complétement recouverte d'encre, ou complétement blanche.
Il faut donc avoir recours au subterfuge de la trame, qui traduit l'image en une suite ordonnée de points de taille variable, pour restituer les nuances de densité. Une teinte légére sera imprimée par une nuée de points de faible diamètre. Plus la couleur est dense, plus la surface des points de trame augmente, jusqu'à se fondre à la densité maximale dans un aplat total. L'oeil intrerprétera, par exemple, une surface blanche parsemée dans une proportion de 10% de points magenta comme uniformément rose.

La fréquence des points sur une même surface est constante, et fixée pour l'ensemble d'un travail. La définition de l'image est proportionnelle à la concentration des points de trame, mais en contrepartie les contraintes techniques sont d'autant plus rigoureuse que la linéature est fine. 
- Les travaux courants, la presse, emploient des liénatures de 100 à 133 LPI (Lines per inches / lignes par pouces).
- Le standard en imprimerie commerciale est de 150 LPI.
- Les travaux de luxe requiérent des linéatures de 175, voire 200 LPI. 
 

marinLa simulation écran montre notre vieux marin avant et aprés tramage.
Les nuances de tons ont été transcrites par des points de taille variable. On constate combien une trame trop grossière peut altérer une sélection: la linéature employée ici correspondrait approximativement à une trame 30 !
Cependant, si vous vous éloignez de l'écran - il faudra vous en éloigner de plusieurs métres, si possible. Regardez derrière vous !- l'image retrouvera peu à peu sa lisibilité.
L'oeil a réuni les informations pour reconstituer un ensemble cohérent.
LA FRÉQUENCE DE TRAME N'EST PAS LE SEUL ÉLÉMENT QUI AIT UNE INFLUENCE SUR LA DÉFINITION DE L'IMPRESSION.

Pour une même linéature, on peut opter pour des FORMES DE POINT particulières: rond, carré, elliptique, composite... qui réagissent spécifiquement. Les trames les plus usités sont la trame ELLIPTIQUE, en forme d'amande ou d'olive, qui préserve une grande douceur dans les transitions de tons, et la trame COMPOSITE fort répandue sur les flasheuses actuelles, où le point change d'apparence suivant la densité à reproduire.

La trame STOCHASTIQUE, ou trame aléatoire, peu employée parceque délicate à mettre en oeuvre, est la seule à ne pas respecter l'ordonnancement géométrique du point. Elle diffuse au contraire des nuages de points de structure aléatoire irrégulière. Elle est complémentaire des impressions en hexachromie: l'intérêt de son utilisation est de s'affranchir de tous les risques de moirages potentiels entre trames ordonnées. 

LES TONS DIRECTS

ON APPELLE "TON DIRECT" TOUTE SÉPARATION QUI N'EST PAS UNE COULEUR PRIMAIRE.

On les emploie pour reproduire des teintes qu'on ne peut obtenir par la sélection quadrichromie:
- les tons métalliques, ors, argents
- les vernis mats, ou brillants
- les couleurs fluorescentes
- et toute autre couleur dont la saturation serait dénaturée par l'impression quadrichromie. 
On détermine les tons directs à l'aide de nuanciers de références standardisées qui donnent à l'imprimeur la valeur exacte des couleurs choisies: le plus communément utilisé en Europe étant le nuancier Pantone®.
Dissipons à ce sujet un quiproquo que l'on rencontre encore malheureusement souvent dans la profession. La gamme Pantone indique des couleurs d'encres spécifiques, fabriquées à partir d'une dizaine d'encres de couleurs de base, en aucun cas des valeurs de bendays composées par les trois couleurs primaires.
L'habitude s'est répandue, par souci de simplification - pas toujours de clarté - d'indiquer sur les documents techniques des références Pantone pour déterminer des bendays quadrichromie. Il s'agit donc d'une conversion de tons spécifiques par les couleurs primaires, avec en général une perte de fraîcheur pour les tons lumineux, une perte de densité pour les tons soutenus. On vérifiera impérativement l'opportunité de ces conversions en utilisant les nuanciers appropriés.

Il faut distinguer les nuanciers quadrichromie qui décrivent par incréments dûment étalonnés, la restitution progressive des composantes CMYB.
Et les nuanciers de tons directs : PANTONE ®, ou FOCOLTONE ®, et les autres... qui répertorient des couleurs d'encre et leurs compositions.
En clair : exiger pour travail particulier un Pantone à son imprimeur, c'est payer un passage machine supplémentaire
Si vous avez déjà tenu un nuancier Pantone en main, vous avez remarqué que chaque référence est représentée par un échantillon imprimé sur le support en question, et par une analyse descriptive de la composition des encres à mélanger très précisément. Vous ne commettez donc jamais l'erreur de confondre une référence Pantone, qui indique une composition d'encre, avec une valeur de benday quadrichromie ! 

Vous découvrez ici les désastres de la conversion quadrichromie (en bas) de certaines couleurs particuliérement saturées de l'espace RVB (en haut).

LES TONS UTILISÉS SONT CARACTÉRISTIQUES DE LA GAMME NON REPRODUCTIBLE DANS L'ESPACE CMYB. Orange et vert fluorescents, Bleu reflex, j'aurais pu ajouter, pour concourir à l'harmonie délicate de cette illustration, un rose et un vert amande frais, un rouge trés dense (le cèlèbre rouge "Ferrari")...
La seule solution pour les restituer avec une certaine fidélité est d'imprimer en plus, ou à la place des encres primaires, des encres Pantones.
Prenez un cahier de tons Pantone (vous n'en possédez pas ? Vous devriez !). L'illustration pourrait être imprimée à l'aide d'un Pantone Blue 072C, 1375C, et 802C. Comparez avec la nuance la plus approchante d'un cahier de tons quadrichromie (vous...?... !), si vous doutez de l'opportunité de ces tons directs: vous ne trouverez aucune combinaison qui s'approche tant soit peu de ces couleurs précises.
Par conséquent, SOYEZ EXTRÉMEMENT VIGILANTS SI VOUS DEVEZ RETRANSCRIRE EN QUADRICHROMIE DES NUANCES PANTONE (il arrive, pour des raisons de coût de fabrication le plus souvent, qu'on ne puisse l'éviter).

Les applications de retouche ou de mise en page offrent une conversion automatique en CMYB. Considérez-la avec la plus grande circonspection! Les valeurs proposées sont le résultat d'une extrapolation purement théorique. Il vous appartient des les adapter (ou de laisser un professionnel expérimenté les adapter) pour une restitution optimale. Un Warm Red, par exemple, n'est pas reproduit avec un magenta 95%, comme la conversion le suggére, mais beaucoup plus logiquement avec un magenta 100%. 
 
 
LA MAITRISE DE CES PARAMÉTRES NE PEUT ÊTRE QUE LE FRUIT DE L'EXPÉRIENCE.
À réception de votre scanner flambant neuf, je vous conseillerais par exemple de numériser un même sujet caractéristique à différents indices d'USM, et différents taux d'agrandissements. Juste pour voir jusqu'où vous pourriez aller trop loin... Bien entendu, pour un autre appareil, il faudrait réitérer les tests.
Nous vous fiez surtout pas à la netteté d'une image à l'écran! Chacun possède sa propre interprétation. Une sélection qui paraîtra "explosée" sur l'un s'afficherait harmonieusement sur un autre.
Pour gérer ces détails, qui peuvent prendre une importance dramatique en de sinistres circonstances, apprenez à ouvrir les yeux et les oreilles. Les "pros" seront ravis de vous donner leurs trucs pour un effet particulier, un support spécial, une encre peu ordinaire.

Et s'ils rechignent à vous les donner, volez-leur!..