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QUELQUES
NOTIONS PAS TOUT À FAIT INUTILES...
LES NOTIONS EXPLICITÉES
DANS CETTE PAGE NE RELÉVENT PAS À PROPREMENT PARLER DE L'ANALYSE
CHROMATIQUE DE L'IMAGE. ELLES SONT CEPENDANT INDISPENSABLES À LA
BONNE COMPRÉHENSION DES PROCÉDURES, ET À LA QUALITÉ
DES NUMÉRISATIONS.
En effet, une image sélectionnée
avec le plus grand soin et la plus grande pertinence colorimétrique
peut se voir refusée si les paramètres de netteté,
ou de résolution, sont inadaptés au travail concerné.
Il est toujours envisageable
de revenir à posteriori sur ces réglages. Néanmoins,
dans la logique de fabrication, il est plus opportun de les déterminer
(voire de les expérimenter sur des sujets délicats) avant
la numérisation. La rapidité d'éxécution y
gagnera, même si certains préconisent encore un scanning "en
vrac", et une retouche au coup par coup (peut-être m'expliquera-t-on
un jour pourquoi ?), et surtout la qualité des sélections.
N'oublions jamais que toute
retouche sur une image déja numérisée implique obligatoirement
un rééchantillonage des informations, et forcément,
une perte d'informations plus ou moins perceptible à l'impression.
Enfin, c'est sans
doute anecdotique, ces quelques lignes éviterons à quelques-uns
d'employer un terme pour un autre, ou au moins de l'utiliser en connaissance
de cause, et de favoriser le dialogue et la bonne compréhension
entre partenaires.
Car souvent l'un est pris
pour l'autre, parfois même entre spécialistes. Les quiproquos
n'étant pas rares à ce sujet, et comme le disait notre ami
Boileau," ce qui se conçoit bien s'énnonçant clairement",
mieux vaut savoir de quoi on parle si l'on veut éviter les problèmes...
LA
NETTETÉ
LA NETTETÉ EST UNE
QUALITÉ SUBJECTIVE. Elle désigne la capacité d'un
matériel à distinguer la nuance de volume ou de couleur la
plus subtile, sans nuire à sa lisibilité.
On distinguera deux niveaux
de qualification :
La
netteté OPTIQUE est conditionnée par la nature des
objectifs, des lentilles, et des mécaniques du scanner. C'est bien
entendu un paramètre sur lequel nous n'avons aucune lattitude de
choix, si ce n'est celui d'envisager l'acquisition d'un appareil plus performant
(et devrait en priorité déterminer votre décision
lors d'un achat).
La
netteté ÉLECTRONIQUE est un procédé
d'accentuation artificielle des contours et des contrastes au stade de
la numérisation, personnalisable en fonction des documents et des
opérateurs. On le désigne sous le terme de SHARPNESS ou d'
USM.
Il consiste en une accentuation
des écarts de densité du document sur la frange de transition.
Une zone sombre sur le document deviendra plus sombre à la sélection
à la proximité d'une zone claire. Une zone claire sur le
document deviendra plus claire à la sélection à la
proximité d'une zone sombre.
Bien gérée,
cette fonction permet de compenser les pertes de définition dues
à la technique de reproduction, et parfois même, de corriger
(dans certaines limites!) les insuffisances du document .
Vous
découvrez, donnant l'illusion d'une
mise au point au travers de l'objectif d'un appareil reflex,
trois états d'une même image.
Les
paramètres de sélections sont absoluments similaires pour
les trois, seul a été modifié le réglage de
netteté électronique.
La vue la plus floue correspond
à un indice de Sharpness nul. Elle semble trouble et sans définition.
C'est pourtant ainsi que l' "oeil" du scanner la perçoit!
L'étape médiane
présente une image lisible et homogène. L'indice de Shrapness
est approprié au traitement de CETTE image. Le résultat est
satisfaisant.
Le troisième état
est le produit d'un indice de Sharpness (beaucoup!) trop élévé.
L'effet est inverse à celui escompté. La lisibilité
est perturbée, les traits sont déformés, et le contraste
même de la sélection parait excessif. Les valeurs d'entrée
de blanc et de noir sont pourtant identiques aux deux sélections
précédentes...
Les
valeurs standards automatiquement affectées
par le pilote du scannerconviennent en régle générale
à des rapports de 100% à 300%.
Les agrandissements supérieurs
demandent un indice de Sharpness d'autant plus élévé
que le taux est important.
Les réductions exigent
qu'on atténue le Sharpness, pour éviter l'effet pervers décrit
ci-dessus.
Pour certains documents,
l'indice de nettetté doit être adapté. Les plans, dessins
et traits seront traités à un indice inférieur à
la normale, ainsi que les gouaches, fusains, et les fonds texturés.
Les tirages photographiques supportent par contre un indice plus élevé,
tout comme les ektachromes
fortement agrandis.
LA
RÉSOLUTION
LA RÉSOLUTION D'UNE
IMAGE EST LE NOMBRE D'INFORMATIONS NUMÉRISÉES AFFECTÉES
À UNE SURFACE DONNÉE.
La publication assistée
par ordinateur connait deux sortes de documents :
- Les
fichiers vectoriels, composés d'une description Postscript
de surfaces, de traits, d'angles, de courbes comme éléments
géométriques.
- Les
fichiers bitmaps, dont l'unité est le pixel (PictureElement).
Le pixel est un carré contenant la description élémentaire,
codé en 8 bits pour chacun des quatres canaux CMYB, d'une parcelle
de l'image.
UNE
SÉLECTION QUADRICHROMIE EST OBLIGATOIREMENT UN FICHIER BITMAP.
On reconnait un document
bitmap, premièrement, par sa taille. Un bitmap pése beaucoup
plus lourd qu'un fichier vectoriel. Une image au format A4 pése
environ 30 à 40 Mo, un fichier vectoriel reproduit au même
format peut ne peser que 100 ou 200 Ko ! Ensuite par cette décomposition
en pixels, qu'on décéle trés facilement en zoomant
au maximum sur un détail de l'image.
LE NOMBRE DE PIXELS D'UN
FICHIER BITMAP EST FIXE, quelque soit l'agrandissement ou la réduction
qu'on lui fait subir. Cette fréquence des pixels est ce que l'on
nomme RÉSOLUTION. On la détermine le plus souvent par rapport
au POUCE anglo-saxon.
Suivant l'usage auquel on
destine l'image, on déterminera à fortiori la résolution
à la quelle l'image sera numérisée.
Une image destinée
à un affichage écran (documentation en ligne, sites Web,
multimédia...) aura une résolution de 72 DPI (dots per inche
/ points par pouce). Il est inutile de conserver une résolution
supérieure: le document n'en sera que plus lourd et plus long à
afficher, et le moniteur ne pourra pas restituer plus d'informations qu'en
peut traiter l'écran.
Une image destinée
au flashage et à l'impression est traditionnellement numérisée
à 300 DPI. La régle n'est pas inviolable! Mais à cette
résolution, vous vous assurez d'une qualité standard de reproductibilité.
Notons à cette occasion
qu'une image de même dimension à 300 DPI occupera un espace
disque 16 fois plus élevé que cette image à 72 DPI
!
UNE
IMAGE IDENTIQUE EN HAUTE ET BASSE RÉSOLUTION :
l'apparence caractéristique
d'une résolution insuffisante est évidente. Les pixels deviennent
perceptibles, découpant le sujet en une suite de petits carrés
qui anihilent l'impression de netteté. Cette perception est bien
entendu subjective. Sur le moniteur, l'image en 72 DPI semble tout à
fait lisible, détaillée et contrastée. Même
l'image en basse résolution pourra retrouver un aspect cohérent
pour peu qu'on s'éloigne seulement d'un mètre de l'écran.
Imprimés, ces deux
exemples deviendront une bouillie infâme et inexploitable.
Pourquoi
imposer une résolution de 300 DPI pour l'image imprimée ?
Parcequ'une règle
stupide (qui, comme toute règle stupide, est bien pratique à
mémoriser et rend finalement bien des services) exige que l'on numérise
à une résolution double de la linéature d'impression.
La majorité des imprimés sont traités en linéature
150, CQFD...
Pourrait-on numériser
en 200 DPI, ou 400 DPI ? Tout à fait, pour des travaux courants,
comme dans la presse quotidienne, on emploie des résolutions plus
basses. Pour les travaux de luxe, ou techniques, il n'est pas rare de pousser
la résolution à 360, voire 400 DPI. La différence
est-elle perceptible? Oui! Et Non! À 200 DPI, heureusement, on ne
voit pas les horribles échelles de pixels. À 400 DPI, la
richesse du détail, mis en valeur conjointement à une linéature
approprié et un support d'impression de qualité, donne un
sentiment de "piqué" et de définition qu'on ne pourrait retrouver
à une résolution inférieure.
Dernière précision:
on peut facilement rééchantillonner une image dans une application
de retouche, c'est à dire créer des pixels par interpolation
logicielle. N'en escomptez pas de miracles. Une image en 100 DPI réechantillonée
en 300 DPI semblera plus douce, moins déchirée par l'effet
d'échelle. En aucun cas, on ne saurait y retrouver une définition
qui n'existait pas à l'origine. Ce procédé peut tout
juste être considéré comme un pis-aller (les pis-aller
sont parfois précieux).
LA
LINÉATURE
LA LINÉATURE DÉSIGNE
LA FRÉQUENCE DES POINTS DE TRAME AU POUCE.
L'offset
impose qu'une image soit décomposée en une suite de points
pour être imprimée. En effet, on ne peut pas, par ce
procédé, reproduire les variations de densité d'une
couleur: une zone ne peut être que complétement recouverte
d'encre, ou complétement blanche.
Il faut donc avoir recours
au subterfuge de la trame, qui traduit l'image en une suite ordonnée
de points de taille variable, pour restituer les nuances de densité.
Une teinte légére sera imprimée par une nuée
de points de faible diamètre. Plus la couleur est dense, plus la
surface des points de trame augmente, jusqu'à se fondre à
la densité maximale dans un aplat total. L'oeil intrerprétera,
par exemple, une surface blanche parsemée dans une proportion de
10% de points magenta comme uniformément rose.
La
fréquence des points sur une même surface est constante,
et fixée pour l'ensemble d'un travail. La définition de l'image
est proportionnelle à la concentration des points de trame, mais
en contrepartie les contraintes techniques sont d'autant plus rigoureuse
que la linéature est fine.
- Les travaux courants,
la presse, emploient des liénatures de 100 à 133 LPI (Lines
per inches / lignes par pouces).
- Le standard en imprimerie
commerciale est de 150 LPI.
- Les travaux de luxe requiérent
des linéatures de 175, voire 200 LPI.
La
simulation écran montre notre vieux marin avant et aprés
tramage.
Les nuances de tons ont
été transcrites par des points de taille variable. On constate
combien une trame trop grossière peut altérer une sélection:
la linéature employée ici correspondrait approximativement
à
une trame 30 !
Cependant, si vous vous
éloignez de l'écran - il faudra vous en éloigner de
plusieurs métres, si possible. Regardez derrière vous !-
l'image retrouvera peu à peu sa lisibilité.
L'oeil a réuni les
informations pour reconstituer un ensemble cohérent.
LA FRÉQUENCE DE TRAME
N'EST PAS LE SEUL ÉLÉMENT QUI AIT UNE INFLUENCE SUR LA DÉFINITION
DE L'IMPRESSION.
Pour une même linéature,
on peut opter pour des FORMES DE POINT particulières: rond, carré,
elliptique, composite... qui réagissent spécifiquement. Les
trames les plus usités sont la trame ELLIPTIQUE,
en forme d'amande ou d'olive, qui préserve une grande douceur dans
les transitions de tons, et la trame COMPOSITE
fort répandue sur les flasheuses actuelles, où le point change
d'apparence suivant la densité à reproduire.
La trame STOCHASTIQUE,
ou trame aléatoire, peu employée parceque délicate
à mettre en oeuvre, est la seule à ne pas respecter l'ordonnancement
géométrique du point. Elle diffuse au contraire des nuages
de points de structure aléatoire irrégulière. Elle
est complémentaire des impressions en hexachromie: l'intérêt
de son utilisation est de s'affranchir de tous les risques de moirages
potentiels entre trames ordonnées.
LES
TONS DIRECTS
ON APPELLE "TON DIRECT" TOUTE
SÉPARATION QUI N'EST PAS UNE COULEUR PRIMAIRE.
On les emploie pour reproduire
des teintes qu'on ne peut obtenir par la sélection quadrichromie:
-
les tons métalliques, ors, argents
-
les vernis mats, ou brillants
-
les couleurs fluorescentes
-
et toute autre couleur dont la saturation serait dénaturée
par l'impression quadrichromie.
On détermine les
tons directs à l'aide de nuanciers de références standardisées
qui donnent à l'imprimeur la valeur exacte des couleurs choisies:
le plus communément utilisé en Europe étant le nuancier
Pantone®.
Dissipons à ce sujet
un quiproquo que l'on rencontre encore malheureusement souvent dans la
profession. La gamme Pantone indique des couleurs d'encres spécifiques,
fabriquées à partir d'une dizaine d'encres de couleurs de
base, en aucun cas des valeurs de bendays
composées
par les trois couleurs primaires.
L'habitude s'est répandue,
par souci de simplification - pas toujours de clarté - d'indiquer
sur les documents techniques des références Pantone pour
déterminer des bendays quadrichromie. Il s'agit donc d'une conversion
de tons spécifiques par les couleurs primaires, avec en général
une perte de fraîcheur pour les tons lumineux, une perte de densité
pour les tons soutenus. On vérifiera impérativement l'opportunité
de ces conversions en utilisant les nuanciers appropriés.
Il faut distinguer les
nuanciers quadrichromie qui décrivent par incréments
dûment étalonnés, la restitution progressive des composantes
CMYB.
Et les
nuanciers de tons directs : PANTONE ®, ou FOCOLTONE ®, et
les autres... qui répertorient des couleurs d'encre et leurs compositions.
En
clair : exiger pour travail particulier un Pantone à son imprimeur,
c'est payer un passage machine supplémentaire !
Si vous avez déjà
tenu un nuancier Pantone en main, vous avez remarqué que chaque
référence est représentée par un échantillon
imprimé sur le support en question, et par une analyse descriptive
de la composition des encres à mélanger très précisément.
Vous ne commettez donc jamais l'erreur de confondre une référence
Pantone, qui indique une composition d'encre, avec une valeur de benday
quadrichromie !
Vous
découvrez ici les désastres de la conversion quadrichromie
(en bas) de certaines couleurs particuliérement saturées
de l'espace RVB (en haut).
LES TONS UTILISÉS
SONT CARACTÉRISTIQUES DE LA GAMME NON REPRODUCTIBLE DANS L'ESPACE
CMYB. Orange et vert fluorescents, Bleu reflex, j'aurais pu ajouter, pour
concourir à l'harmonie délicate de cette illustration, un
rose et un vert amande frais, un rouge trés dense (le cèlèbre
rouge "Ferrari")...
La seule solution pour les
restituer avec une certaine fidélité est d'imprimer en plus,
ou à la place des encres primaires, des encres Pantones.
Prenez un cahier de tons
Pantone (vous n'en possédez pas ? Vous devriez !). L'illustration
pourrait être imprimée à l'aide d'un Pantone Blue 072C,
1375C, et 802C. Comparez avec la nuance la plus approchante d'un cahier
de tons quadrichromie (vous...?... !), si vous doutez de l'opportunité
de ces tons directs: vous ne trouverez aucune combinaison qui s'approche
tant soit peu de ces couleurs précises.
Par conséquent, SOYEZ
EXTRÉMEMENT VIGILANTS SI VOUS DEVEZ RETRANSCRIRE EN QUADRICHROMIE
DES NUANCES PANTONE (il arrive, pour des raisons de coût de fabrication
le plus souvent, qu'on ne puisse l'éviter).
Les applications de retouche
ou de mise en page offrent une conversion automatique en CMYB. Considérez-la
avec la plus grande circonspection! Les valeurs proposées
sont le résultat d'une extrapolation purement théorique.
Il vous appartient des les adapter (ou de laisser un professionnel expérimenté
les adapter) pour une restitution optimale. Un Warm Red, par exemple, n'est
pas reproduit avec un magenta 95%, comme la conversion le suggére,
mais beaucoup plus logiquement avec un magenta 100%.
LA MAITRISE DE CES
PARAMÉTRES NE PEUT ÊTRE QUE LE FRUIT DE L'EXPÉRIENCE.
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À réception
de votre scanner flambant neuf, je vous conseillerais par exemple de numériser
un même sujet caractéristique à différents indices
d'USM, et différents taux d'agrandissements. Juste pour voir jusqu'où
vous pourriez aller trop loin... Bien entendu, pour un autre appareil,
il faudrait réitérer les tests.
Nous vous fiez surtout pas
à la netteté d'une image à l'écran! Chacun
possède sa propre interprétation. Une sélection qui
paraîtra "explosée" sur l'un s'afficherait harmonieusement
sur un autre.
Pour gérer ces détails,
qui peuvent prendre une importance dramatique en de sinistres circonstances,
apprenez à ouvrir les yeux et les oreilles. Les "pros" seront ravis
de vous donner leurs trucs pour un effet particulier, un support spécial,
une encre peu ordinaire.
Et s'ils rechignent à
vous les donner, volez-leur!.. |
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