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LA
CALIBRATION EN PAO
LA CALIBRATION DE LA CHAINE
GRAPHIQUE CHERCHE À HARMONISER LA REPRÉSENTATION DE L'IMAGE
À TRAVERS LES ÉLÉMENTS QUI LA COMPOSE.
Dissipons
sans ambiguïtés l'illusion d'une calibration idéale
qui saurait affranchir la reproduction imprimée de tous ses aléas.
Les supports de visualisation de l'image aux différentes étapes
de la Publication Assistée par Ordinateur sont par définition
trop disparates pour que l'on puisse par le biais d'un quelconque artifice
les assimiler l'un à l'autre.
Les écrans sont tous
dissemblables. Les conditions dans lesquelles ces écrans sont utilisés
sont instables (il suffit d'une variation d'éclairage dans la pièce
pour invalider l'étalonnage le plus précis). Les opérateurs
ont tous une perception visuelle spécifique, et inconstante!
Une page imprimée
change d'aspect suivant le papier
utilisé, les paramètres d'encrage et de mouillage, l'éclairage
et l'environnement dans laquelle on l'ausculte...
Jamais
aucun moniteur ne saurait donner le reflet exact d'une image imprimée,
si scrupuleusement étalonné soit-il, et contrairement à
ce que certains commerciaux osent encore promettre. Tout au plus offrira-t-il
une simulation relativement cohérente de l'impression, et cela apporte
un confort de travail non négligeable! Il est toujours plus logique
de traiter des images dans un environnement stable, et à peu prés
comparable aux documents imprimés, que d'avancer en aveugle sans
savoir se fier à ce que l'on a sous les yeux.
La
calibration bien conçue d'une chaîne graphique cherche essentiellement
la STABILITÉ et l'HOMOGÉNÉITÉ de la reproduction
de l'image à chacun de ses maillons. Ce qui ne dispense pas de la
connaissance des données caractéristiques de toutes les étapes.
La
qualification d'un opérateur, au delà des prouesses techniques
d'utilisation d'une application ou d'une autre, réside en grande
partie dans ses capacités à appréhender et anticiper
la nature intrinsèque des supports de reproduction.
AU
RISQUE D'ENFONCER DES PORTES OUVERTES, la condition sine qua non
de la qualité d'une sélection est la
qualité du document original (à voir les documents
proposé à la sélection par certains clients -de toute
bonne foi-, il n'est forcément pas superflu de le rappeler...) Il
est possible de corriger une légère dominante parasite, de
redonner artificiellement un peu de netteté, d'accentuer des couleurs
un peu passées. Mais sûrement pas de créer un chef-d'oeuvre
à partir d'un original médiocre!
Ceci étant acquis,
il faut avoir conscience de la spécificité de chaque support.
Il nous parait tout à fait naturel de numériser, sur le même
scanner, aussi bien des ektachromes,
des documents imprimés, des aquarelles originales, des tirages photographiques
sur papier.
Ils sont pourtant complètement
différents: les écarts de contrastes, la capacité
de réflexion, la densité des pigments, la précision
des détails d'une diapositive 24X36 et d'une illustration à
la gouache n'ont rien en commun.
Les programmes dédiés
aux scanners professionnels tiennent compte de ces particularités,
et sont personnalisés en fonction du type des originaux à
numériser. Ils réservent même aux opérateurs
la possibilité de créer des programmes personnalisés.
Ce n'est pas possible, le
plus souvent, sur les appareils d'entrée de gamme, et il appartient
à l'utilisateur de composer suivant les originaux fournis pour optimiser
la sélection.
Ainsi, il est particulièrement
ardu de faire admettre à un néophyte qu'un ekta scanné
et imprimé n'a OBLIGATOIREMENT pas la même luminosité
que ce même ekta projeté sur un écran perlé,
que les ravissantes nuances de feutre fluorescent d'une illustration pour
histoires enfantines NE PEUVENT PAS être reproduites par le procédé
CMYB (il existe d'autres procédés, beaucoup plus coûteux).
Le procédé
d'impression offset a des contraintes techniques, et des limites intrinsèques.
La
reproduction d'une image est nécessairement une traduction,
aussi infidèle et périlleuse que celle d'une oeuvre littéraire.
L'expérience (la vôtre, ou celle d'un professionnel : ils
ont encore une certaine utilité) doit permettre de composer pour
un résultat optimal.
AU
SECOND RANG DANS L'ACQUISITION DES DOCUMENTS INTERVIENT LA QUALITÉ
DU SCANNER.
On trouve aujourd'hui sur
le marché des appareils vendus à moins de 500 francs, et
d'autres à plus de 400 000 francs. Leurs performances ne sont évidemment
pas comparables: on ne place pas sur la même ligne de départ
une motocyclette et une formule 1.
Les
scanners rotatifs restent la référence en matière
de qualité et de productivité, quoique leur prix les cantonnent
au domaine professionnel. Si votre exigence est intransigeante, confiez
leurs vos travaux ! (J'ai peut-être l'air de prêcher pour ma
paroisse, mais je suis sincère, et désintéressé...)
Tous les scanners "à
plat" ne se valent pas, loin s'en faut.
La résolution RÉELLE
des capteurs CCD, la précision des objectifs, la fiabilité
des mécaniques ont une incidence non négligeable, sur le
prix bien sûr, mais aussi sur le résultat des numérisations.
Il faut savoir faire le choix entre un scanner destiné uniquement
aux prévisualisations et au positionnement à des fins de
maquette, ou un scanner dédié à la fabrication. L'investissement
n'est pas comparable, ni la production: un scanner d'entrée de gamme
offrant une résolution de 300X600 dpi ne peut se destiner qu'à
des travaux de bureautique ou de placement. Personnellement, je vous déconseille
d'y tenter d'y numériser autre chose. Vous perdriez beaucoup de
temps pour pas grand'chose, et finalement beaucoup d'argent!
Un
scanner est correctement calibré lorsque la reproduction
standard d'une gamme
de gris, ou d'une mire de couleur reproductible, par une épreuve
contractuelle ne présente pas de différences notables avec
l'original.
C'est normalement un réglage
d'usine: on peut exceptionnellement le modifier suivant les instructions
du constructeur -avec la plus grande circonspection- si l'épreuve
vous semble vraiment trop différente du document, ou, et c'est beaucoup
plus prudent, appeler à la rescousse un technicien qualifié.
À consulter le site
dédié aux tests de la majorité des scanners disponible
sur le marché, et leur utilisation: http://www.arpla.univ-paris8.fr/scanners
LA
CALIBRATION DU MONITEUR EST PLUS DÉLICATE, puisqu'elle
guidera, plus ou moins intuitivement (j'aimerais le moins possible, mais
la nature humaine a ses faiblesses...), les opérations d'évaluation
et de correction au sein de l'application de retouche photographique.
La qualité de l'écran
est prépondérante: il ne saurait au minimum être raisonnable
d'utiliser un appareil qui afficherait moins que les millions de couleurs,
et pour votre confort, soit d'une taille respectable.
Il y a possibilité
de créer des PROFILS PERSONNALISÉS à l'aide d'utilitaires
coûteux et délicats. Leur opportunité n'est pas à
mettre en cause! Cependant, les circonstances peuvent vous contraindre
à vous satisfaire des PROFILS STANDARDS fournis avec l'application.
Ils sont disponibles, et plutôt pertinents. Pourquoi s'en priver!
Il suffira de sélectionner par les préférences "moniteur"
dans un menu déroulant où, dans le meilleur des cas, vous
trouverez celui qui correspond au modèle que vous employez. S'il
n'existe pas, le Gamma d'un moniteur classique se réglera à
la valeur "par défaut" de 1,8 et le point blanc à 6500°K.
Consultez la documentation
qui vous a été livrée avec votre logiciel favori,
pour peu qu'on prenne la peine de s'y pencher avec
un peu d'attention, elle vous livrera des trésors d'informations!
Ces
mêmes applications offrent dans leurs gestionnaires de couleurs
des bibliothèques d'encres d'impression standardisées.
Par défaut, elles sont le plus souvent chargées avec le profil
SWOP, qui correspond aux standards d'impression américains (allez
savoir pourquoi). Jusqu'à preuve du contraire, le standard utilisé
sur le vieux continent est toujours l' EUROSTANDARD.
Ne
les négligez pas. Leur fonction est double:
1) d'adapter la colorimétrie
de l'affichage des images à l'écran.
2) de conditionner la conversion
RVB vers CMYB : en clair, de déterminer le calcul mathématique
de la densité colorimétrique en valeur de trame, et en conséquence
le résultat tangible de l'image imprimée.
Heureusement, la restitution
des standards d'encres américain et européen ne diffère
pas sensiblement. Testez cependant en affichant sur votre moniteur une
image riche en couleur, et chargez, pour la gouverne, le profil japonais
TOYO, ou celui d'une imprimante exotique. Instructif...
L'INCORPORATION
D'IMAGES DANS UNE APPLICATION DE TRAITEMENT DE TEXTE POURRAIT SEMBLER N'AVOIR
QU'UNE INCIDENCE ANECDOTIQUE SUR SA REPRODUCTION.
En effet, la seule manipulation
qu'elle doit y subir devrait se résumer à un simple placement
géométrique, et son assemblage avec les autres éléments
de mise en forme de la page imprimée.
Si l'on exclut les fonctions
de retouches chromatiques qu'offrent certains logiciels sophistiqués
de P.A.O, qu'il ne faudrait employer, pour des raisons évidentes
de cohérence des traitements d'image et d'homogénéité
de la chaîne graphique, que de façon sporadique, voire tout
simplement ignorer (il n'est pas plus long de réouvrir Photoshop,
et beaucoup plus sûr et logique, que de "bidouiller" une mauvaise
prévisualisation image dans XPress !) l'intégrité
virtuelle de l'image ne peut y être affectée. Rappelons que
dans la logique de fabrication, l'image n'est réellement incorporée
au document finalisé qu'au stade du traitement Postscript, antépénultième
étape avant le
flashage, ou l'impression numérique.
Cependant
le contexte dans lequel est placée une image influe de manière
significative sur sa perception. Si l'on incorpore une même
image, sans aucunes corrections de quelque nature que ce soit, dans des
environnements disparates, l'oeil humain interprète cette image
en fonction de cet environnement.
Ainsi la copie d'une image
parfaitement équilibrée, mais fortement réduite semblera
toujours trop dense en rapport à l'original.
La copie d'une image parfaitement
équilibrée, mais fortement agrandie semblera toujours trop
pâle en rapport à l'original.
La copie d'une image parfaitement
équilibrée, mais détourée sur le fond papier,
ou un fond clair semblera toujours plus saturée en rapport à
l'original.
La copie d'une image parfaitement
équilibrée, mais détourée sur un fond noir
ou très sombre semblera manquer de saturation en rapport à
l'original.
On anticipera, autant que
faire se peut, suivant la mise en page si elle peut être connue par
avance, le traitement des images dans les applications dédiées
afin d'en optimiser la reproduction. À titre d'exemple : une image
équilibrée devant être détourée sur fond
blanc peut être allégée de l'ordre de 5 à 10%
dans les demi-tons en gardant visuellement une densité comparable
à la même image cadrée au même agrandissement.
L'ÉPREUVE
CONTRACTUELLE permets de juger le travail à son achèvement,
mais
surtout elle constitue le document de référence pour obtenir
l'aval du commanditaire de l'ouvrage, et pour conduire l'impression en
machine.
Les nombreux systèmes
d'épreuves contractuelles analogiques (Cromalin, Matchprint), ou
numériques (Iris, Rainbow, Colibri, Epson) agréés
par les différents prestataires, doivent permettre la mesure et
le contrôle des densités des pigments, de la copie du point
sur plaque, et de l'engraissement (déformation du point en fonction
de la viscosité des encres et de la porosité du support)
lors du passage en machine. On en jugera par l'utilisation d'une gamme
de contrôle impérativement jointe à l'épreuve
(on emploie communément en Europe la gamme BRUNNER).
On remarquera cependant,
en comparant une image identique reproduite sur ces différents supports,
conformes en tous points aux normes édictées par les organismes
concernés, de notables variations d'aspect. Elles sont imputables
aux supports employés, aux pigments, à la finesse de la résolution
des images et des traits qui respectent néanmoins le cahier
des charges de la profession.
Il
n'y a pas de système d'épreuvage idéal.
Ces variations reflètent
en réalité celles d'une impression offset : l'épreuve
de contrôle n'en peut être qu'une prévisualisation.
Plutôt qu'une reproduction immuable, l'épreuve ne peut représenter
qu'un consensus fiable entre les intervenants.
Notons à ce sujet
qu'elle ne devrait être jugée que dans le cadre d'une présentation
normalisée : c'est à dire sous une lumière
stable type "lumière du jour" dans un environnement de colorimétrie
neutre. Il existe des cabines de présentation normalisées,
réservée par leur prix aux professionnels, qui en offrent
les conditions idéales.
Évitez pour le moins
de juger une épreuve à la lumière du soleil, ou dans
un local peint de couleurs vives !
LE
RENDU DE L'IMAGE IMPRIMÉE EST TRÈS LARGEMENT CONDITIONNÉ
PAR LE CHOIX DU SUPPORT D'IMPRESSION.
L'épreuve
de contrôle n'a qu'un rôle purement indicatif, en simulant
des paramètres d'impression connus et stables, auxquels l'imprimeur
peut se référer pour conduire la travail.
Des typons identiques, imprimés
sur des supports hétérogènes, produisent des images
dont la saturation, le contraste, et la définition varieront en
fonction de leurs qualités mécaniques respectives. Ces variations
peuvent modifier complètement le rendu escompté d'une sélection
: en bien, pour peu que l'on sache les anticiper et les utiliser dans un
but créatif, ou en mal si on les ignore, lorsqu'on met en oeuvre
des matières aussi caractéristiques que les papiers
kraft, recyclé, ou autre vélin d'Arche
Ces altérations significatives
peuvent être appréhendées par des mesures précises
et compensées par des procédures de calibration appropriées.
Il
est nécessaire de fournir, sur chaque épreuve de contrôle,
une gamme de contrôle, qui est d'ailleurs systématiquement
exigée lorsque vous est fourni un cahier
des charges à la commande des travaux.
La gamme de contrôle
est composée de plages de couleurs et de densités déterminées,
afin de garantir la conformité des paramètres de reproduction,
et de fournir à l'imprimeur des références fiables
pour conduire l'impression. La plus élémentaire des gammes
de contrôle générées par la flasheuse
(ou certaines imprimantes) décline des plages de valeurs dégressives
identiques sur les films des quatre couleurs CMYB. L'impression doit restituer
une gamme équilibrée de gris chauds (à -légère!-
dominante bistre).
Les gammes de contrôle
évoquées par les cahiers des charges de travaux sophistiqués
sont des gammes de contrôle beaucoup plus techniques, comme la gamme
Brunner qui permet de mesurer, outre les densités d'encrage, la
qualité de la copie des films sur les plaques offset, l'engraissement
et l'élargissement du point
de trame en fonction du support d'impression, suivant des procédures
respectant une mise en oeuvre précise préconisée par
l'inventeur du procédé.
L'impression offset s'effectue
pour la majorité des cas sur des supports papiers dont les réactions
mécaniques ou physiques sont relativement homogènes. Le choix
de tel ou tel support, outre son prix, est fait à partir de plusieurs
critères.
On choisira en premier lieu
le grammage du papier, qui désigne son poids au mètre carré,
en fonction de l'usage de l'imprimé, mais aussi de la qualité
escomptée du produit.
La qualité d'un papier
n'est pourtant pas forcément proportionnelle à son grammage:
un papier de très bonne qualité de 80g présente souvent
une meilleure tenue à l'encre, un aspect et une résistance
mécanique supérieure à celle d'un papier médiocre
de 120g. De même l'épaisseur d'un papier de qualité
de 100g est la plupart du temps inférieure à celle d'un papier
médiocre de 80g. Pour un grammage identique, on peut préférer
un papier surfacé : couché ou non-couché, mat, satiné,
ou brillant.
On observera inévitablement
des restitutions sensiblement différentes, dont les variables doivent
être pragmatiquement appréhendées. Une
même sélection imprimée sur le papier d'un journal
quotidien, ou sur un couché brillant "haut de gamme" d'une publication
de luxe ne donnera évidemment pas un résultat identique.
LA MAITRISE ET LE
RESPECT DES CONTINGENCES TECHNIQUES PROPRES À CHAQUE ÉTAPE
DE LA FABRICATION PEUT SEMBLER ARDUE ET CONTRAIGNANTE: ELLE L'EST!
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C'est pourtant la seule
méthode pour éviter les mauvaises surprises (notre métier
ne réserve malheureusement jamais de bonnes surprises).
Pour ne pas passer pour
un oiseau de mauvaise augure, je voudrais terminer sur une note rassurante.
Gérer un travail standard, avec les outils standards, pour une impression
standard, chez un prestataire consciencieux n'est pas insurmontable ni
périlleux. Et, bien préparés, il y a tout lieu de
penser que vos efforts et vos projets seront fructueux et satisfaisants
(quoique...) |
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